Paysages varois
Comment définir, cerner, caractériser les paysages ?
Il y a plusieurs visions : celle du géologue, celle du climatologue, celle du botaniste, celle du peintre ou du photographe … et la mienne, celle que je vous propose. Sur l’ensemble du département du Var, je distingue tout d’abord le Var siliceux, au Sud et le Var calcaire, au Nord et à l’Ouest.
Le Var siliceux c’est la Corse sur le continent, une Provence originale … des paysages exceptionnels !
Des caps et des presqu’îles en bord de mer, des îles, la suberaie (forêt de chênes lièges), la châtaigneraie (forêt de châtaigniers), le maquis, des dalles de grès roses, des pinèdes à pin maritime, des pinèdes à pin parasol, des vallons profonds et froids, des cours d’eau intermittents.
Le massif des Maures où le littoral, îles comprises, se distinguent du massif intérieur et de la plaine permienne. C’est aussi l’Estérel à l’Est, la Colle du Rouët, le Rocher de Roquebrune. C’est encore la presqu’île de Giens, le Cap Sicié à l’Ouest et le Tanneron à l’extrême Est.
Le Var calcaire est à l’image de ce qu’est l’essentiel de la Provence, la Provence comme beaucoup l’imagine … avec du grandiose, Var oblige !
Des yeuseraies (forêts de chênes verts), des pinèdes à pin d’Alep avec un climat méditerranéen, des pinèdes à pin sylvestre avec un climat plus froid, des plaines cultivées en herbage ou en céréale, la garrigue, des falaises, des rivières.
Les monts toulonnais au Sud-Ouest, le massif de la Sainte-Baume à l’Ouest, les gorges du Verdon en limite Nord, le centre Var, le vaste camp militaire de Canjuers, les montagnes du Malay, du Brouis, du Margès et du Lachens au Nord-Est.
Mes paysages de prédilection
Voilà une description succincte des paysages que je connais bien, des paysages que je vous invite à découvrir.
Les Maures, les îles
Le Levant, Port-Cros, Bagaud et Porquerolles, nommées aujourd’hui les Iles d’Hyères, autrefois les Iles d’Or ou les Stoechades.
Ces îles sont intégrées au Parc Naturel National de Port-Cros. Seuls Port-Cros et Porquerolles sont vraiment accessibles. C’est la partie terrestre de ces deux îles que je vous invite à découvrir.
Côtes rocheuses hautes et moins hautes, petites plages paradisiaques, forêts anémorphosées (arbres prostrés, « nanifiés » par les vents de mer), flore rare ou endémique (Herbe aux chats, Delphinium de Requien), vergers et collections du Conservatoire Botanique National (figuiers, mûriers, oliviers).
Reptiles et amphibiens rares ou endémiques (hémidactyle verruqueux, phyllodactyle d’Europe, discoglosse sarde), oiseaux migrateurs (faucon d’Eléonore, fauvette de Moltoni), oiseaux marins nicheurs (puffin yelkouan, puffin de Scopoli, cormoran de Desmaret).
Et le village de Porquerolles (palmiers, eucalyptus, bélombra, filao) ainsi que le village confidentiel de Port-cros.
Les Maures, le littoral
De la presqu’île de Giens, à Hyères, jusqu’à Saint-Aygulf, à Fréjus, se déroulent toute une succession de côtes rocheuses, de plages et de stations balnéaires. Des sites naturels épargnés sont protégés, acquis par le Conservatoire du Littoral.
Côtes rocheuses, caps très avancés en mer, plages, pinèdes, suberaies (forêt de Chênes lièges), maquis et oléo-lentisque (formation buissonnante des conditions climatiques chaudes et soumises aux embruns), oueds à laurier rose, flore des rochers (palmier nain, anthyllide barbe-de-Jupiter, euphorbe arborescente), flore du sable (mathiole à trois cornes, euphorbe péplis, chardon des sables).
Oiseaux de mer (harle huppé, plongeon arctique, pingouin torda), oiseaux des falaises (faucon pèlerin, monticole bleu).
Et le fort de Brégançon ou encore la maison Foncin.
Les Maures, le massif intérieur
Reliefs marqués, des crêtes, des vallons encaissés, des rus temporaires ensoleillés ou ombrés, des pentes boisées, des forêts toujours (ou presque) vertes et sombres, ubacs et adrets bien différents, arbres et arbustes qui « résistent » au feux définissent le massif des Maures.
Chêne liège, pin maritime, châtaignier, arbousier, lavande des Maures, les bruyères, les cistes peuvent compléter le tableau.
Suberaies (forêts de chênes lièges) typiques, identitaires : « chaude » avec des arbres tordus et pas très hauts ou « cathédrale » avec des arbres hauts et un sous-bois très sombre. Pinèdes de pins maritimes, yeuseraies (forêts de chênes verts), châtaigneraies, ripisylves (forêts riveraines des cours d’eau) à aulne glutineux ou à peuplier blanc.
Maquis typiques, identitaires : haut avec la bruyère arborescente, l’arbousier, le filaire à feuilles étroites ou bas avec le ciste à feuilles de sauge, la lavande des Maures, l’immortelle commune.
Rus, toujours temporaires, accueillants pour tout un cortège d’espèces amphibies : cistude d’Europe, salamandre tachetée, couleuvre vipérine, dytique marginé, libellules et demoiselles.
Et le monastère de la Verne, le « Décauville » ou encore Notre-Dame des Anges.
Les Maures, la plaine permienne
Une vaste plaine qui ceinture le massif des Maures. Le grès rose affleure partout, base d’un paysage exceptionnel, unique. Ce grès s’est formé au Permien, à la fin de l’Ere Primaire. L’eau des pluies s’écoule en ruisselets ou en rus, toujours temporaires. Sur les sols maigres, le maquis, les pins parasols ou les chênes lièges ajoutent leurs silhouettes et leurs parfums à ce paysage de « savane africaine ».
Une partie de la plaine est protégée sous la forme d’une Réserve Nationale Naturelle.
Dalles de grès couvertes de plantes très peu exigeantes (mousses, sédums, gagée de Bohême), pelouses sèches fleuries au printemps (iris nain, phalangère lis, tulipe australe), stations à orchidées (sérapias, orchis couleur de lait, orchis papillon), maquis (lavande des Maures, cade, cistes), suberaies (forêt de chênes lièges), pinèdes de pins maritimes, pinèdes de pin d’Alep, pinèdes de pins parasols, ripisylves (forêt riveraine des cours d’eau) qui bordent de petites rivières intermittentes, ruisselets et mares temporaires accueillants une flore rare ou endémique (renoncule de Rodié, isoètes, ophioglosses), vignes.
La star c’est la tortue d’Hermann ! Mais la biodiversité animale y est très riche : demoiselle dentelée, empuse, diane, crapaud calamite, lézard ocellé, hirondelle rousseline, rollier d’Europe, pies-grièches.
Les étangs et marais littoraux
À l’Ouest, à Hyères, calés entre deux très longs cordons de sable (un double tombolo) le Salin des Pesquiers et, à côté, les Vieux Salins. À l’Est, à Fréjus, situés à l’embouchure de l’Argens, les Etangs de Villepey. Ces trois sites sont protégés, acquis par le Conservatoire du Littoral. Les salins d’Hyères ne sont accessibles librement qu’en partie. Les Etangs de Villepey sont accessibles en totalité.
Étangs et marais salés, sansouïre (végétation basse adaptée aux fortes teneurs en sel), roselière (vaste surface couverte de roseaux), prairies humides et salées, fourrés à tamaris, ripisylve (haute forêt du bord de l’eau) offrent des habitats devenus rares pour des espèces qui se raréfient en conséquence.
La star c’est le flamant rose ! Mais il y a bien d’autres oiseaux : limicoles migrateurs ou nicheurs (avocette élégante, échasse blanche), canards migrateurs ou hivernants, hérons, goélands (goéland railleur), mouettes, sternes, balbuzard pêcheur … et, régulièrement, des espèces très rares (bergeronnette des Balkans, pouillot de Sibérie, bruant des neiges).
Il y a aussi toute une flore particulière des sols humides doux ou salés : salicornes, tamaris africain, asperge maritime, saladelle, canne de Fréjus.
L’Estérel, la Colle du Rouët et le Rocher de Roquebrune
Les roches rose-brun de l’Estérel se voient de loin et avec une mer bleue et, en hiver, au loin, les Alpes enneigées en fond du décor, c’est superbe ! Forêts et maquis sont communs avec les Maures mais le décor est bien différent.
La Colle du Rouët est un prolongement de l’Estérel vers l’Ouest. Côté flore, dans le maquis, le Ciste ladanifère si odorant est original, unique en France. Les mares cupulaires avec une flore et une faune amphibies sont exceptionnelles.
Le Rocher de Roquebrune, bien que d’origine géologique différente, offre des paysages similaires. Mais la roche tendre et très érodée laisse à voir des trous, des petites grottes, des baumes, des cuvettes, des rochers séparés … qui font la différence !
Côtes rocheuses et falaises avec une flore adaptée au sel ambiant (anthyllide barbe-de-Jupiter, euphorbe arborescente), îlots, rochers et falaises intérieures, suberaie (forêt de chênes lièges), pinède de pins d’Alep, pinède de pins maritimes, pinède de pins parasols, maquis (ciste ladanifère et autres cistes), pelouses sèches à orchidées (sérapias), mares temporaires en plaine abritant quelques raretés (pélobate cultripède), mares cupulaires sur les replats rocheux abritant une flore et une faune particulièrement originale (triops cancriforme, linderiella massaliensis, isoète voilé, crassulée de Vaillant), rivières intermittentes (guêpier d’Europe, cistude d’Europe, laurier rose).
Oiseaux rupestres dans les falaises littorales comme celles de l’intérieur (aigle royal, faucon pèlerin, hibou grand-duc, monticole bleu, hirondelle de rochers), oiseaux rares (hirondelle rousseline, rollier d’Europe).
Le massif de la Sainte-Baume
Une très longue et haute montagne-falaise à cheval sur les Bouches-du-Rhône et le Var. Sur les pentes du versant Sud, ensoleillées, la garrigue et la pinède de pins d’Alep. Sur les crêtes, ventées, une végétation sporadique, fleurie au printemps, rabougrie le reste de l’année. Au bas des falaises, au Nord, à l’ombre et au froid, une hêtraie qualifiée de relique glaciaire.
Des arbres remarquables, à l’échelle du Var et de la Provence, s’y trouvent : chênes blancs, hêtres, ifs, houx.
Versant Sud : garrigues, yeuseraies (forêts de chênes verts), pinèdes de pins d’Alep. En crête : arbres nains, arbustes et herbacées qui s’installent où la roche le permet (genévrier rouge, genêt de Lobel, éphèdre à châtons opposés, ibéris des rochers). Au bas, à l’ombre des falaises : hêtraie avec if et houx commun. Au bas, plus au soleil : pinèdes de pins sylvestres, chênaies blanches, cultures.
Oiseaux rares dans les falaises (aigle de Boneli, aigle royal), dans la hêtraie (pic noir), sur les crêtes (traquet oreillard, monticole de roche, pluvier guignard).
Cortège d’insectes des bois sénescents ou morts (longicornes dont la rare rosalie des Alpes, lucane cerf-volant, scolytes).
Et l’hostellerie (accueil des pèlerins) ainsi que la baume sainte de Marie-Madeleine.
Le haut Var, Ouest
De vastes forêts de chênes et de pins sur les collines, de vastes plaines cultivées en céréales ou en herbage, des petits villages ou des hameaux : le Var de Giono ! Dans ces paysages perdurent des espèces floristiques et faunistiques devenues rares.
À Vinon-sur-Verdon, un vaste aérodrome enherbé, réputé pour le cortège d’oiseaux de steppe qu’on peut y voir.
Prairies sèches en friche, fauchées, pâturées ou pour un aérodrome intéressantes pour tout un cortège d’espèces rares dites de steppes (outarde canepetière, oedicnème criard, busard cendré, rollier d’Europe, criquet hérisson).
Cutures de céréales rustiques favorables à tout un cortège de plantes dites des moissons (nielle des blés, adonis d’été, bleuet).
Lacs de gravière (nette rousse, grèbe huppé).
En débordant un tout petit peu sur les Bouches-du-Rhône et sur les Alpes de Haute-Provence, le cours de la Durance (hirondelle de rivage, castor) et les basses gorges du Verdon sont possibles.
Et le village perché bien nommé Saint-Julien-le-Montagnier.
Le haut Var, Est
Paysages qualifiés de pré-alpins ou de karstiques en raison du climat (presque) montagnard, de l’altitude (sommet à 1715 m) et de reliefs typiques du calcaire. Les cours d’eau qui traversent ce relief ont façonnées des gorges. Celles du Verdon sont spectaculaires et très connues, d’autres, moins hautes et moins connues, valent le coup d’œil aussi.
Une flore montagnarde s’épanouit sur les sommets. Les falaises sont le refuge de grands rapaces qui se déplacent loin, donc visibles partout.
3 sommets à plus de 1500 m : Margès (1577 m), Brouis (1592 m) et Lachens (1715 m). Les pelouses des sommets accueillent une flore alpine unique à l’échelle du Var (fritillaire du Dauphiné, botryche lunaire, myosotis des Alpes, orchis sureau).
Pinèdes de pins sylvestres (raison d’ours, gui des pins), hêtraie, sapinière (pic noir, bec-croisé des sapins), lande à buis et à genêt cendré, prairies humides de fauche ou de pâturage (narcisse des poètes), falaises et gorges (vautour fauve, aigle royal, martinet à ventre blanc), cours d’eau (cincle plongeur). Chevreuil en forêt et chamois des Alpes aux alentours des gorges se rencontrent régulièrement.
Et Comps-sur-Artuby ou encore Bargème.